Retiré depuis quelques années de la vie publique, Jacques Dussutour n’est plus.
À La Ferté-Vidame son nom ne sera jamais oublié en raison de toutes les réalisations qui portent son empreinte, tel que le retour à la puissance publique - le département en l’occurrence - du domaine historique, avec son parc aujourd’hui ouvert au public au terme d’une longue et difficile procédure sur de longues années.
Le savoir-faire et l’opiniâtreté de notre regretté défunt ont fait merveille dans ce dossier mais il faudrait citer aussi la fondation du Parc naturel du Perche, la création de la communauté de communes de l’Orée du Perche, la construction de l’Espace socio-culturel et les nombreux aménagements qui ont fait entrer, à partir de 1973, notre commune dans la modernité.
Il a pu ainsi fonder le Prix Saint-Simon en compagnie de deux de ses amis, le poète Jean Laugier et l’historien Georges Poisson. Le succès de ce rendez-vous littéraire, qui fêtera en 2025 son cinquantenaire, lui a permis d’attirer à La Ferté-Vidame nombre d’invités prestigieux tels que Michel Debré, Maurice Schumann, Maurice Druon et bien d’autres, notamment l’ancien ministre Michel Jobert dont la dernière demeure se situe dans ce petit cimetière de Réveillon où Jacques Dussutour et son épouse ont souhaité aussi reposer. Ce n’est que justice tant le lieu, avec sa chapelle classée et restaurée non sans mal dans les années 90, témoigne des efforts de ce grand élu.
Homme de caractère sachant imposer sa volonté au service de l’intérêt général, Jacques Dussutour laissera cependant le souvenir d’une personnalité attachante, n’ayant jamais perdu la pointe d’accent chantant héritée du Périgord de son enfance. La tristesse des Amis de La Ferté-Vidame est donc immense car il fut l’instigateur de l’association avec Colette Le Noc, Jean Canipel et Gustave Bouzy.
Bienfaitrice des Amis de La Ferté-Vidame avec Max, son mari parti quelques années avant elle, Nadège Brossollet s’est éteinte à Paris à l’âge de 91 ans.
Elle s’était installée au moulin de Réveillon au début des années 2000. Cette belle demeure accueillit souvent des artistes de passage, notamment des auteurs participant à la Fête des livres.
Les Brossollet étaient les héritiers de la famille Belin, propriétaire de la plus vieille maison d’édition indépendante de France jusqu’en 2015. Max avait en outre crée deux revues qui existent encore « Poésie » et « Pour la science » tandis que Nadège a développé sa propre entreprise d’illustration. Elle a aussi collaboré aux rares films d’animation réalisés en France, tel « Le roi et l’oiseau ». Le couple était simple et décontracté, Max allant jusqu’à monter sur scène au Cabaret pour donner la réplique à la regrettée Claudine Faguin.
Les Amis de La Ferté-Vidame présentent à toute la famille leurs condoléances attristées.
Un artiste très lié aux Amis de La Ferté-Vidame vient de nous quitter. Claude Fromageot s’est éteint le 3 avril à l’âge 85 ans. Photographe, illustrateur, dessinateur et peintre, il avait exploré tous les domaines de la création graphique sans jamais se départir d’un humour et d’une inventivité qui l’apparentaient aux surréalistes. Il savait en effet jouer avec les mots aussi bien qu’avec les traits et les couleurs. Il fut très proche d’Odette et Jean Canipel, ainsi que de Christian Caplier, tout au long de la belle histoire de l’exposition de peinture de La Ferté-Vidame. Ces dernières années, il sut trouver des mots très amicaux et confraternels pour encourager Nadine Bichon à reprendre le flambeau. Il fit ainsi partie de ceux qui ont contribué au nouvel élan du grand rendez-vous estival des peintres et sculpteurs organisé dans la cité ducale. Nous présentons à Paule Fromageot, son épouse, nos condoléances attristées.
Site web : www.claude-fromageot.com
Nous avons appris avec peine le décès survenu à Lamblore le 27 avril, à l’âge de 85 ans, de Marc Garanger. Habitué de La Fête des Livres, où il est souvent venu signer ses albums, ce photographe de réputation internationale se signalait par sa gentillesse et sa simplicité. Avec son épouse, réalisatrice de documentaires, disparue voici quelques années, ils étaient attentifs à la vie culturelle du territoire et ne manquaient jamais de participer aux spectacles, conférences et expositions organisées par les Amis de La Ferté-Vidame.
Né dans l’Eure, ancien élève des frères des écoles chrétiennes de Dreux, Marc Garanger reçut de son père un appareil de prise de vues lors de son admission au baccalauréat, en 1953. Il appartenait à l’une des classes d’âge appelée à servir en Algérie.
Devenu un passionné de photographie, il avait été chargé de réaliser des clichés d’identité des populations plongées dans le drame d’une guerre qui ne disait pas son nom. Ces clichés, recadrés et diffusés clandestinement à partir de la Suisse ont fait sensation dans des cercles progressistes et cultivés sans atteindre encore le grand public. Cela n’en marqua pas moins le point de départ d’une carrière qui mena Marc Garanger au contact de nombreux peuples en souffrance dans diverses parties du globe, souvent avec ses amis écrivains engagés, Roger Vailland et René Ballet. Celui-ci, résistant, grand reporter et auteur publié chez Gallimard, mort en 2017, avait créé avec sa femme Simone, universitaire de haut niveau, une véritable communauté intellectuelle réunissant professeurs et étudiants chaque été dans une grande rénovée de La Chapelle-Fortin autour du bureau légué par Roger Vailland.
Revenu en Algérie à la rencontre des personnes photographiées quarante ans plus tôt, il effectue un reportage pour le quotidien « Le Monde » notamment salué par le New York Photo Festival.
Marc Garanger a reçu de son vivant de nombreuses récompenses, notamment deux distinctions recherchées : le prix Niepce en 1966 et le prix François Sommer de la Fondation de la chasse et de la nature. A peine connue, sa disparition a suscité d’émouvants témoignage d’estime, en particulier les articles des journaux « La Croix », « Télérama » et « Libération ». Nous présentons nos condoléances attristées à sa famille.
Un ami s’en est allé. Max Brossollet s’est éteint le 2 février à son domicile parisien proche de la basilique Sainte-Clotilde, Paris 7, où ses obsèques réuniront une foule émue de parents, d’amis et de personnalités du monde de l’édition. Depuis l’après-guerre et à l’écart des grands groupes jusqu’à ces toutes dernières années, celui qui était surnommé «le grand Max» a présidé les Editions Belin, l’une des plus anciennes entreprises françaises. Fondée en 1777, cette maison de réputation internationale spécialisée dans les ouvrages scolaires et universitaires, notamment célèbre pour avoir publié «Le tour de France par deux enfants» ( 500 éditions et près de neuf millions d’exemplaires en un siècle !). Issu par sa mère de la famille Belin, Max Brossollet fut choisi pour moderniser et dynamiser le catalogue de cette vénérable institution dont il développa de façon spectaculaire le chiffre d’affaires, notamment en attirant des auteurs choisis parmi les meilleurs pédagogues.
Esprit curieux et rigoureux, il cultivait pour sa part un même goût pour les sciences et les belles lettres. En témoignent ses deux réussites personnelles et exceptionnelles en matière de presse : les revues «Pour la science» et «Poésie».
A l’heure de la retraite, l’éditeur et son épouse Nadège ont fait l’acquisition, en 2001, du «Moulin de Réveillon» aménagé en logis chaleureux et accueillant aux voisins comme aux amis du monde entier. Tout naturellement, le couple s’engagea avec chaleur dans l’ensemble des activités de notre Association. Encourageant les artistes de l’exposition de peinture, hébergeant certains invités de la Fête des Livres et siégeant au Conseil d’Administration, Max fut de toutes nos aventures. Il alla même jusqu’à monter sur scène pour chanter en duo avec Claudine Faguin lors d’un spectacle de Cabaret. Ah Max et chère famille Brossollet, comme nous sommes tristes !
Jean-François Bège